Autosurveillance #6
Dans le quartier Belle de Mai, je m’arrête chez Galaxy Phone acheter un câble. À l’intérieur, je suis filmée. À la Poste où j’envoie des bergamotes achetées à Nancy pour une amie parisienne qui en a bien besoin, non seulement je suis filmée aussi, et en plus, l’image apparaît sur un écran qui me fait face, je me parle donc un peu à moi-même. Je le prends en photo en cachette, comme si je volais ma propre image, et demande à un agent de sécurité où je peux récupérer cette vidéo. Il m’oriente vers la Préfecture de Police. Mais à la sortie je lis une affichette renvoyant toute personne intéressée par la question de s’adresser au directeur de l’agence. Je commence ainsi à collecter par mal de numéros de téléphones et des idées d’endroits intéressants pour dessiner un parcours.
J’apprends que les caméras de la ville ne sont pas équipées de micros. Je suis justement venue avec du matériel d’enregistrement sonore. Je me dis qu’il faut peut-être rendre le son à ces pauvres caméras, c’est une piste. Commencer à enregistrer des ambiances au pied des yeux urbains. Je finis la journée à la Corniche, là où R. m’avait conseillé d’aller, dans les quartiers riches fermés par des portails sécurisés et dotés de leur propre système de surveillance. Je note les coordonnées de la société privée.