Autosurveillance #15
C’est mon tour, le brunch littéraire à la librairie Maupetit est prévu pour 11h avec l’équipe de la Marelle. Je me trompe de clé en essayant d’ouvrir la porte du rez-de-chaussée de la Villa, qui a été verrouillée à double tour par les voisins. Pour la seconde fois depuis le début de mon séjour, j’ai la certitude d’être enfermée, que je ne pourrai plus sortir, jamais. Heureusement, D. comprend la confusion des clés et parvient à ouvrir la porte alors que je suis déjà en train d’échafauder un plan pour passer par la fenêtre. J’explique pendant le brunch littéraire que je n’aime pas trop les résidences d’écriture monastiques, que je ne travaille bien que dans des lieux ouverts. J’ignore si c’est vrai ou simplement dû à l’expérience de la serrure, trop matinale.
Nous passons la journée à marcher, d’abord jusqu’au Pharo, puis la Corniche en passant par le vallon des Auffes. Nous longeons pendant des heures la transparence de l’eau, les criques, où quelques personnes se baignent, et mangeons des oursins, c’est la première fois pour moi. Ils sont beaux et mauvais à la fois.
Nous finissons par retrouver le quartier que nous avions tellement aimé lors d’un séjour lointain à Marseille, c’est le Panier, derrière le MUCEM, avec ses reliefs, ses façades anciennes. Pour regagner la Criée où nous allons voir « Un ennemi du peuple » d’Ibsen mis en scène par Jean-François Sivadier, nous prenons un bateau électrique traversant le Vieux-Port. Il y a beaucoup de monde au théâtre, nous sommes tellement fatigués par notre journée que nous commandons une bière sans alcool. D. s’enthousiasme de la seconde partie du spectacle, persuadé qu’il s’agit d’une improvisation : comme j’ai déjà vu la pièce à l’Odéon, je peux lui assurer que le texte est identique mot pour mot, même si je doute qu’ils corresponde en tout point à la pièce d’Ibsen.
« Vous êtes la majorité compacte. J’en peux plus du rapport public ! Vous êtes des veaux » crie Nicolas Bouchaud.