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mais dis-moi oh dis-moi
s’il te plaît dis-moi pourquoi
dis-le-moi s’il te plaît oh

veux-tu bien me dire
pourquoi mais pourquoi donc ?

Élégies mineures, 11 (extrait)

La première chose que je peux vous dire…

Christophe Manon

Revue #110

Novembre 2022

La première chose que je peux vous dire…

La première chose que je peux vous dire c’est que la voix des morts se fait toujours entendre dans le bruit de la vie.

Élégies mineures, extraits

11.

la mer le sable le ciel un rayon
de soleil et les goélands doucement
se laissant porter par le vent
vois

gris et bleu avec des reflets verts
mais très profonds

un nuage un tout petit
nuage à l’horizon
mais vois donc

 

pour un oui ou pour un non

 

mais dis-moi oh dis-moi
s’il te plaît dis-moi pourquoi
dis-le-moi s’il te plaît oh

veux-tu bien me dire
pourquoi mais pourquoi donc ?

 

le joli le très joli moi de mai

sous un lit de paille et de fumier

qu’il n’y a plus de saison

 

Manon revue Interieur 1

 

Manon revue Interieur 2

Au sommaire

  • Texte inédit "Élégies mineures", extraits 
  • Bio-bibliographie
  • Le questionnaire ludique ! [extraits des réponses]
    • Un son, une musique ?
      "She’s Like Heroin to Me", The Gun Club
    • Un agacement ?
      Tant, trop, hélas.
    • Un auteur fétiche ?
      Amy Clampitt (car lue en ce moment).
    • Un a priori sur Marseille ?
      Qu’il ne faut pas avoir d’a priori sur Marseille.
    • Un coup de cœur artistique ?
      "Le Couronnement de la Vierge", d’Enguerrand Quarton 
    • Une journée type de l’écrivain au travail ? 
      Surtout pas. Jamais.
    • Une bonne résolution pour cette résidence ?
      Surtout pas. Jamais.

Édito

La Marelle accueille Christophe Manon en octobre et novembre 2022 pour l’écriture de ses Élégies mineures, un projet que nous sommes heureux·ses d’accompagner, et qui avait immédiatement attiré notre attention lors du choix des résidences à venir. 

Il s’agit d’un travail d’exploration. Depuis une vingtaine d’années, le travail d’écriture de Christophe Manon a pris différentes directions, multipliant notamment les collaborations avec des plasticiens, des photographes, des cinéastes et des musiciens. Dans une sorte de continuité de cette expérience d’écriture, son projet de résidence propose d’expérimenter de nouvelles voies, d’explorer des ressources formelles inédites, de tenter de faire cohabiter de façon dynamique et sensible les qualités expressives de la prose et de la poésie : "Au final, il s’agira de se situer dans le prolongement de mon travail antérieur, sans toutefois perdre de vue la volonté de prendre des orientations inédites. Dire l’urgence du souvenir afin de conjurer l’apparente normalité du temps qui passe. Non pas toutefois se contenter d’évoquer ce qui est révolu, mais bien plutôt chanter ce qui est en train d’advenir, ici, maintenant, sous nos yeux." 

Le titre donné à cette revue évoque ce même enchevêtrement du passé et du présent, les voix des morts qui se font entendre dans le bruit de la vie. Le ton de ces textes, dont deux sont publiés dans cette revue, est d’une retenue remarquable. L’élégie devient dans les mains de Christophe Manon un curieux objet, aux facettes manipulées et agencées soigneusement : les textes nous surprennent, et s’imposent à nous avec une évidence délicate. 

Roxana Hashemi
pour La Marelle, novembre 2022

Informations

Renseignements techniques

Cette revue est disponible dans sa version papier ou en ligne, au format .pdf téléchargeable.

La revue de La Marelle