En résidence de création
Nuit-fleuve
Jean d’Amérique
Le projet
Une jeune fille se retrouve piégée quelque part dans le monde, dans un lieu brisé par toutes sortes de drames existentiels, de tourments et d’angoisses liés aux conditions de vie matérielles très précaires de la population. Autour d’elle, c’est la symphonie abyssale d’un horizon déchu, c’est le vide total : la famille et les amitiés décomposées par la mort et l’exil, l’enfance donc brutalement empêchée. Voulant fuir le chaos de son milieu, enclavé entre la précarité et la guerre qui prend chair de plus en plus, cette toute jeune fille quitte sa terre natale, part en quête d’un refuge. À bord d’un étrange équipage, elle prend les routes maudites des eaux, qui finissent par l’éjecter dans un étrange pays : la nuit. Elle découvre que le jour n’y existe pas et comme tous les habitants elle perd bientôt la faculté de rêver… Elle se met à chercher l’origine de ce phénomène perturbant et singulier. Elle lance dans un combat ardent contre les ombres, essayant de remonter à l’enfance du drame.
Note d’intention de l’auteur
J’ai grandi avec la voix de ma mère qui me racontait des histoires, qui m’apprenait des chansons. Aujourd’hui, en replongeant dans mon enfance avec un autre regard, je comprends, je me rends compte qu’au fond elle me racontait de manière métaphorique la dictature sous laquelle elle avait grandi, enveloppée de silence, apeurée par les spectres de l’ombre. Plus tard, animé par un désir, un besoin de refaire ce chemin pour recomposer les morceaux de cette page dramatique de l’Histoire, j’ai beaucoup lu sur la dictature duvaliériste en Haïti, j’ai regardé de nombreux films, plusieurs documentaires sur cette sombre période, et j’ai consulté des images d’archives qui l’évoquent. Mais, avec tous ces matériaux me plongeant au cœur de l’horreur et malgré la volonté d’en rendre compte, je n’ai jamais su la raconter moi-même. L’idée pour moi avec ce roman est de passer par la métaphore, qui est aussi une façon de traverser le temps, de le dépasser même.
Au-delà des perspectives littéraires mises en jeu, Nuit-fleuve se veut avant tout une grande métaphore sur les systèmes d’oppression, s’inspirant des années noires de la dictature en Haïti. L’idée de ce projet, qui m’habite depuis un moment, me remue sans cesse, surtout ces derniers temps où des pratiques proches de la dictature essaient de s’installer dans mon pays, Haïti, et que la plupart de mes proches là-bas me font part de leur envie de quitter, parce qu’il n’ont même plus la possibilité de rêver, de voir un jour nouveau…
À écouter…
La première chose que je peux vous dire…
Un entretien avec Jean d’Amérique autour de la revue de La Marelle. Une rencontre animée par Pascal Jourdana, enregistrée en studio à la Friche la Belle de Mai, diffusée sur les ondes de Radio Grenouille et en podcast sur la plateforme Transistor.
Temps publics et restitutions
Outre les rencontres signalées sur cette page, Jean d’Amérique, invité de la revue Muscle, lit en duo avec Laura Vazquez des poèmes d’Alejandra Pizarnik le 1er juin 2022 dans le cadre des "Mercredis de Montévidéo".
Le lieu de résidence
Début le printemps 2021, La Marelle a ouvert cette nouvelle "maison", la Villa Deroze, située au milieu des pins, sur les hauteurs de la cité portuaire de La Ciotat. Confiée avec générosité par Danielle Deroze, elle est destinée à accueillir artistes, auteurs et autrices, pour des projets de création qui souvent se croisent ou s’hybrident.
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