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Résidence en Région

Pông-kó, avalou et pommes
Li-Chin Lin

■ Octobre à décembre 2021
■ Le Beausset, Var
[Appel à projets BD]

Apprendre sa langue maternelle à 46 ans

Li-Chin Lin est la deuxième lauréate, après Thomas Azuélos, de l’Appel à projets "Bande dessinée" porté par La Marelle et Le Beausset. 

En établissant un parallèle entre la langue bretonne longtemps réprimée et sa langue maternelle interdite, l’autrice travaille à une BD qu’elle souhaite engagée sur cette question de droit fondamental.

C’est lors d’une résidence d’écriture à Douarnenez en 2020 que cette idée a émergé, après avoir rencontré une classe bilingue breton-français dans une école primaire. 

Note d’intention de l’autrice

Pendant le premier confinement en 2020, j’ai pris un cours en ligne que j’attendais depuis longtemps.

C’était pour apprendre à lire et à écrire le taïwanais, ma langue maternelle. J’ai un diplôme universitaire taïwanais et j’ai déjà travaillé dans les entreprises avant de venir faire mes études en France en 1999, où je vis depuis. Je parle le mandarin, l’anglais, le français et un peu d’espagnol. Certes, je parle aussi le taïwanais, mais je ne savais pas l’écrire ni le lire avant le printemps 2020. Autrement dit, j’étais analphabète en ma langue maternelle. 

Or, je suis née et j’ai grandi à Taïwan. Je ne suis pas un cas exceptionnel dans mon pays natal. La langue taïwanaise a été réprimée par la dictature nationaliste chinoise de 1949 à 1987, avec par exemple l’interdiction de la parler à l’école. Je l’ai mentionné dans mon premier roman graphique Formose. Ayant fui les communistes en 1949, le régime chinois du Kuomintang a imposé le mandarin comme langue officielle en interdisant l’usage d’autres langues qui existaient à Taïwan depuis longtemps. Malgré la démocratisation du pays en 1987, certains croient encore aujourd’hui en la propagande du régime et considèrent que le taïwanais et d’autres langues autochtones de l’île sont "vulgaires". 

Lors d’une résidence d’écriture à Douarnenez en 2020, l’association Rhizomes qui m’a accueillie m’a fait rencontrer une classe bilingue d’une école primaire. Ils m’ont aussi prêté des livres sur l’histoire de la langue et de la culture de la Bretagne. Cela fait écho à l’histoire de ma langue maternelle.
Membre de l’Académie française d’origine bretonne, Charles le Goffic (1863-1932) avait honte d’écrire sa langue même s’il la parlait bien. Or, en 2020, les enfants bretonnants font vivre leur langue par l’oral et aussi par l’écrit grâce aux classes bilingues. Privée de cette possibilité pendant toute ma scolarité à Taïwan, il est émouvant pour moi de voir qu’une langue longuement marginalisée puisse revivre au sein des enfants.


"Pông-kó" signifie "pommes" en taïwanais. Mes grands-parents parlaient taïwanais avec moi, ils ne parlaient pas le mandarin comme mes parents, moi et les autres taïwanais plus jeunes qu’eux.
"Avalou" est un mot breton que j’ai appris dans une classe bilingue en Bretagne, il signifie également "pommes".

Comme Newton, cette pomme/avalou/pông-kó me tombe dessus comme une révélation. 

Li-Chin Lin

En son et en images…


La première chose que je peux vous dire…


La "revue radiophonique" diffusée sur les ondes de Radio Grenouille et en podcast sur la plateforme Transistor.


Temps publics et restitutions

Li-Chin Lin réserve l’équivalent d’un jour par semaine pour des rencontres publiques, des discussions, des ateliers de dessins avec les enfants ou les adultes, dans les écoles, à la médiathèque ou ailleurs. Détails à suivre.

Partenaires et structures associées

La commune du Beausset (communauté de communes Sud Sainte-Baume, Var) a souhaité accompagner l’ouverture de sa nouvelle Maison des Arts par l’accueil en résidence d’un auteur ou d’une autrice, pour mettre la création et les Beaussétans au cœur du projet.

Li-Chin Lin est la deuxième autrice accueillie pour une résidence "Bande dessinée", avec le soutien de la Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Durant six semaines, elle vit au rythme de la ville, menant son travail de création tout en rencontrant les habitants invités à échanger avec elle sur sa pratique artistique. Ces actions de médiation auprès du public sont pensées par l’équipe de la Médiathèque.

Le lieu de résidence

Pour cette résidence, Li-Chin Lin est accueillie à la Maison des Frères, maison du diocèse de Fréjus-Toulon. Lieu engagé et tourné vers l’hospitalité et le partage, la Maison des Frères se situe au beau milieu d’un parc arboré de 5 000 m2. Dédié à l’insertion et la mixité sociale, ce lieu se veut être un espace d’échanges et de solidarité.
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Le Beausset

Le partenariat entre La Marelle et la ville du Beausset a été mis en place en 2020.

Le Beausset est un village provençal, sur la route des vins de Bandol, entre la mer et le massif de la Sainte-Baume. Cette commune typique de 10 000 habitants pleine de charme et d’atouts touristiques est néanmoins consciente des enjeux sociaux actuels. C’est pourquoi elle a initié une réflexion sur sa politique de démocratisation et d’accès à la culture sous toutes ses formes. La réhabilitation d’un bâtiment emblématique de 600 m2 en médiathèque et salle de spectacle couplées avec le bureau municipal de l’emploi et l’information jeunesse, est un atout essentiel à la réalisation de cette ambition.

  • Médiathèque
    Médiathèque du Beausset
    1 rue Portalis
    83330 Le Beausset
  • Téléphone
    04 22 80 14 48
  • Courriel
    mediatheque [@] ville-lebeausset.fr



Li-Chin Lin
Le Beausset sur la toile

Réseau régional de résidences

La Marelle a mis en place, avec le soutien de la Drac Provence–Alpes–Côte d’Azur, un dispositif de résidences à portée régionale accueillant des auteur·rice·s-illustrateur·rice·s jeunesse et des bédéistes. Il s’agit d’offrir aux auteurs et autrices des espaces-temps supplémentaires favorables à la création, en leur faisant bénéficier de la richesse des ressouces naturelles, culturelles et patrimoniales de la Région Sud.
En complément de ce dispositif, les contrats territoire-lecture (CTL, partenariats entre les collectivités territoriales et l’État autour de projets de développement de la lecture) viennent souvent renforcer cette action, en s’appuyant sur un tissu existant d’animateurs culturels, et en mutualisant les savoir-faire spécifiques implantés sur un territoire.
Renforcer les actions des professionnels du livre, en particulier jeunesse, pour valoriser et coordonner un réseau en lui offrant plus de visibilité et d’impact : une manière collective de penser la médiation et la circulation des auteurs en Région.

Ancienne chapelle des Pénitents Bleus/Maison des Arts © Ville du Beausset