« D’un corps empêché, ne pas faire ce qui était prévu. Ne pas gambader à sauts et sans limites dans les périphéries, les marges, les croisements, à l’écoute des paroles qu’on n’entend pas ou inouïes, à l’écoute des micro-séismes qui font dérailler les conversations. Alors faire ce que je ne fais pas d’habitude
_n’écrire pas sauvagement et dans l’urgence_rêver_manger des câpres et des vache-qui-rit_lire le soir à l’électricité_me lever sans heures d’usinage_rencontrer des hommes et des femmes_flâner_ne pas écouter sauvagement la radio_n’écrire pas_ne pas aggraver le baluchon de mots et textes qui font vertiges en tête_faire comme si tout mon temps_réapprendre à écrire de la main d’avant_tracer des ombres d’erres_
Et, n’oubliant les pauvres zigues aux corps étrangers qui sont aussi héros, inventer un lieu incertain acceptant la perte, les blancs, les silences, les tremblements, inventer – au sens archéologique – la cartographie impossible des récits obstinés de l’absence. »