En résidence de création
Un laboratoire d’édition
Benoît Virot
Le projet d’écriture
Après dix ans d’édition, une part croissante du catalogue du Nouvel Attila est dédiée à des projets exceptionnels. Dans ce laboratoire, les projets sont ultra singuliers, mais le travail est plus que jamais collectif. Au vu des moyens (humains, matériels et en temps) nécessaires, aucun ne pourrait exister sans une mobilisation générale et de nombreux relais.
La résidence d’éditeur de Benoît Virot, première du genre à La Marelle, lui libère le temps nécessaire pour se vouer exclusivement à ces "grands projets", tout en dévoilant les coulisses de son travail éditorial, à travers diverses actions et interventions. Loin de l’image de l’éditeur isolé, il souhaite ainsi mettre cette période de travail au service d’un ambitieux travail d’équipe. Pandémie de Covid-19 : la deuxième partie de cette résidence était initialement prévue en juin 2020.
Note d’intention de l’éditeur
Voici le détail des deux projets que je souhaite mener en résidence.
B7 : travail sur les œuvres complètes d’Hélène Bessette
13 romans et une pièce de théâtre publiés en 20 ans, mais aussi six romans, des correspondances (Queneau, Dubuffet, Bosquet, Gallimard) et des journaux inédits… sans compter les actes du colloque du centenaire à Cerisy (août 2018) et une édition revue et augmentée de la seule biographie existante. Tel est le sommaire des œuvres complètes dont la parution a débuté il y a deux ans et qui doit durer encore six ans.
Le texte de Bessette valorise la fonction orale et poétique du langage, et le travail main dans la main avec le monde de la performance et du théâtre est le corollaire obligé du projet pour faire entendre et "admettre" B7 au plus grand nombre. Outre les deux adaptations réalisées récemment par Claudine Hunault à Avignon et Robert Cantarella à Clermont-Ferrand, nous tirons parti, tout au long de ce travail, d’une communauté de lecteurs préexistante : curieux et fanatiques membres du GRP (le Gang du Roman Poétique), comme Liliane Giraudon, Fabienne Yvert, Nathalie Quintane, Frédéric Léal, Laure Limongi, Céline Minard, Charles Robinson, Julia Deck, Jacques Rebotier…
2 – HO : relecture d’Horcynus orca, roman monstre de Stefano d’Arrigo
Ce roman de 2 400 pages, que l’auteur a mis 15 ans pour mener à bien, narre le retour d’un jeune marin de la Marine royale italienne, ‘Ndrja Cambria, dans son village natal de Sicile pour embrasser son père après l’armistice de 1943. Découvrant un pays transformé par la guerre, le héros est confronté à une créature marine monstrueuse, l’Orque, qui incarne la décadence de l’Italie. Objet de vingt ans de travail, d’une richesse linguistique extraordinaire, mêlant quatre niveaux de langue (l’italien littéraire, le patois des pêcheurs, l’italien ancien et des sicilianismes italianisés forgés par l’auteur). La première édition s’est vendue, malgré sa taille (deux fois plus que Moby Dick), à 80 000 exemplaires.
La rencontre entre le traducteur et l’éditeur assez passionnés ou inconséquents pour s’y consacrer ne s’est opérée qu’en 2013. S’y sont dévoués Monique Baccelli, qui a découvert sa vocation de traductrice en traduisant Fenoglio dans les calanques de Marseille, et Antonio Werli. La traduction est rendue depuis quelques mois… Commence le nécessaire travail de relecture de la traduction, de confrontation avec la version originale, d’examen et d’échange sur les parti-pris, et de réflexion sur la promotion du livre. Six binômes de réviseurs franco-italiens sont associés pour relire ce premier jet sous la houlette de l’éditeur.
Un site internet compagnon est conçu en parallèle par Benoît Vincent, qui participe également à la révision de l’œuvre après avoir tenté, il y a dix ans, sa propre traduction. Ce journal de traduction s’ouvrira aussi à des traducteurs étrangers d’œuvres comparables à des écrivains français que nous inviterons à écrire une suite à tel ou tel chapitre. Une sorte d’atelier collectif mêlant auteurs et traducteurs autour des livres-monstres… Ce projet méditerranéen est idéal pour illustrer la chaîne du livre dans ce qu’elle a de plus concret et de plus caché. Les parti pris du traducteur, l’accompagnement de l’éditeur, le travail collectif, la préparation du lancement d’un livre monstre et battant en brèche les catégories commerciales connues.
Des ateliers de lecture et de travail sur des textes inédits pourraient être inséré en work in progress au sein de la résidence. Plusieurs auteurs (François Beaune, Arno Calleja) et traducteurs (Marie Hermann, Julien Guazzini) de la région figurent aussi au catalogue et pourraient animer ou rejoindre ces ateliers.
Benoît Virot
À voir et à écouter
La première chose que je peux vous dire…
La "revue radiophonique", enregistrée en public à la librairie Maupetit à Marseille, puis diffusée sur les ondes de Radio Grenouille et en podcast sur la plateforme Transistor.
Le lieu de résidence
À Marseille, La Marelle dispose de deux appartements indépendants, l’un sur le site de la Friche la Belle de Mai, l’autre à proximité du Palais Longchamp.
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