En résidence de création
Autour
Pierre Ménard
et Caroline Diaz
Le projet d’écriture
En résidence à La Marelle, Pierre Ménard et Caroline Diaz travaillent sur Autour, une série de récits poétiques dressant le portrait de femmes et d’hommes à un moment charnière de leur vie, regardant l’horizon droit devant eux. Ce qu’ils voient, ce à quoi ils pensent, ce qu’ils imaginent ou espèrent, ce dont ils se souviennent ou qu’ils cherchent à oublier. Ils partagent tous un même temps suspendu autour de la Méditerranée. Celui d’un navire de sauvetage, à bord duquel sont réfugiés des migrants, qui dérive depuis plusieurs semaines, repoussé de pays en pays, aucun n’acceptant de le laisser accoster pour les laisser débarquer.
Note d’intention
Écrire à deux, c’est engager un dialogue permanent. Chacun écrit de son côté, prend en charge un récit, le développe dans une trame élaborée en commun, des histoires se déroulant au même moment tout autour de la Méditerranée. Chacun lit l’autre au fil de l’écriture, discute des évolutions possibles, des aménagements, de la cohérence avec l’ensemble des autres histoires, dans le cadre et au moment où elles se situent. On accorde une attention toute particulière à la variété des personnages, à leurs points de vue, à la diversité de leurs origines, à toutes ces voix qu’on cherche à faire entendre, à leurs points communs et à leurs différences, à cet ensemble qui s’enrichit de cet échange régulier, de ces allers-retours dans l’écriture.
Autour souhaite réunir un ensemble de brefs récits poétiques, comme autant de fragments de vie saisis dans leur suspension, leur isolement ou leur flottement. Tous ont pour décor des rivages, des ports, des falaises, des bords de mer, disséminés autour du bassin méditerranéen : Majorque, Alger, Melilla, Bastia, Chypre, Beyrouth, Athènes, Marseille, Tripoli, Senigallia ou Syracuse. À travers des situations variées (une rencontre inattendue sur une falaise, un retour dans son village d’enfance après un deuil, un voyage interrompu, une discussion entre amis sur l’exil, une plongée sous-marine, un concert oublié ou un souvenir ravivé par une villa abandonnée), les personnages de ces récits sont la plupart du temps en quête d’un lieu, d’un lien. Certains récits se construisent autour de la perte ou de la mémoire : une sœur disparue en Turquie, une mère qu’on enterre au Liban, une perte de mémoire passagère dans un restaurant d’Héraklion, des amis du lycée devenus étrangers les uns aux autres. D’autres s’ancrent dans des rencontres fugitives, souvent nocturnes : une femme et un barman à Palma de Majorque, deux jeunes femmes en voyage en Grèce, un couple formé sur une plage croate, ou encore des marins à l’arrêt dans le port d’Algésiras. Il y a aussi ceux qui reviennent chez eux après une longue absence : un ancien pyromane dans son village grec, un homme qui embarque pour l’Algérie, un médecin retraité qui redécouvre son corps et sa joie de vivre en plongeant dans la mer chypriote. Le fil invisible qui relie toutes ces histoires est celui de vies discrètes aux prises avec leur mémoire, la perte, le désir ou la fuite. Une géographie affective et fragmentée, une cartographie sensible faite de départs et de retours, de deuils et de renaissances, une traversée poétique de la Méditerranée où chaque texte garde son autonomie tout en entrant en résonance avec les autres. Les lieux n’y sont jamais de simples décors. Plages, villes portuaires, flancs de montagnes, révèlent des souvenirs, ouvrent des brèches, provoquent des rencontres. La mer y est omniprésente, tour à tour refuge, horizon, frontière ou tombeau.
Le lieu de résidence
La résidence de Pierre Ménard et de Caroline Diaz a lieu à la Villa Deroze située au milieu des pins, sur les hauteurs de la cité portuaire de La Ciotat. Confiée avec générosité par Danielle Deroze, elle est destinée à accueillir artistes, auteurs et autrices, pour des projets de création qui souvent se croisent ou s’hybrident.
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