Depuis 2022, le département de la recherche doctorale de l’École d’architecture de Marseille (DREAM) et La Marelle collaborent sur un projet de retraite d’écriture destiné aux doctorant·e·s l’ENSA Marseille.

Les étudiant·e·s sont accueilli·e·s à la Villa Deroze, à La Ciotat, pour explorer la question de l’écrit. Cette année, c’est l’anthropologue Sophie Houdart qui accompagne cette retraite.

Concrètement, il s’agit d’offrir aux doctorant·e·s de l’ENSA Marseille sept jours en vase clos avec des ateliers d’écriture et un soutien à l’écriture, animé par une autrice et Matthieu Duperrex, responsable du DREAM.

Le matériau textuel tient évidemment une place majeure dans l’écriture d’une thèse. Cette évidence se heurte cependant au constat de la rareté des espaces où la forme de l’écrit est discutée, socialisée, mise en débat. Quel est le but de cette retraite ? Sortir du colloque singulier entre le doctorant et son directeur de thèse pour mettre en discussion une gamme de compétences scripturales, ouvrir la palette des outils et dispositifs de chaînage des écrits intermédiaires, induire une réflexivité du processus de recherche, discuter des normes académiques et des stratégies argumentaires ou procédurales, poser la question du style et de l’invention, démystifier l’écrit… Ces sept jours d’atelier d’accompagnement à l’écriture de recherche sont l’occasion d’un partage d’expérience et de ressources entre pairs.

La quatrième édition se tient à La Ciotat du 5 au 11 avril 2025, dans une résidence comportant salle d’atelier et capacités d’hébergement. La villa Deroze est un lieu exceptionnel du quartier Saint-Loup. Le site est planté d’oliviers et de pins, et laisse découvrir, depuis la terrasse, le littoral ciotaden. Huit doctorantes dirigées par une chercheuse ou un chercheur de l’ENSA•Marseille participent à cette édition.

Avril 2022, Première retraite d’écriture en compagnie de l’écrivaine Lucie Taïeb

Sophie Houdart est anthropologue HDR, directrice de recherche au CNRS (médaille de bronze 2006). Spécialiste du Japon, l’un de ses premiers terrains fut la conception de l’Exposition universelle 2005, mais aussi l’agence d’architecture de Kengo Kuma. Depuis 2012, elle poursuit son enquête sur la vie après la triple catastrophe qui a eu lieu dans le nord-est du Japon (un tsunami, un tremblement de terre, un accident nucléaire). Qu’il s’agisse de décrire les univers de la techno-science (Les Incommensurables, Zones sensibles, 2015) ou les traces imperceptibles de la catastrophe lente des pollutions et de la radioactivité, Sophie Houdart a développé une écriture située d’une grande finesse ; elle noue aussi des collaborations avec des artistes et propose des dispositifs d’écriture et d’exposition originaux. Sophie Houdart a animé plusieurs années l’atelier d’écriture du Département d’ethnologie de Nanterre, reprenant d’ailleurs quelques uns des principes de l’atelier d’écriture du Centre de Sociologie de l’Innovation, orchestré par Bruno Latour, autour de la thèse comme « scène expérimentale ». 

Crédits photo : Sophie Houdart © Basile Bord

Bibliographie de Sophie Houdart (séléction) 

• 2023, Langumier Marion, Kobelinsky Carolina, Jungen Christine, Houdart Sophie, Herrou Adeline, Guillou Anne Yvonne et Carton de Gramont Sarah, Parier sur l’espérance. Exercices d’anticipation pour s’accrocher à ce qui vient, Paris, Cambourakis (coll. « Radeau »), 168 p.
• 2021, « Sens dessus dessous. Explorations en creux dans le Tôhoku », Techniques & Culture, 2021, n°75, p. 172175.
• 2021, « D’un monde l’autre – et du périlleux écart entre les deux », L’Homme, 2021, vol. 1, n°237, p. 173184.
• 2019, « Fukushima, l’expérience en partages », Critique, 2019, vol. 1, n°860861, p. 7086.
• 2019, Houdart Sophie et Pavy Mélanie, « On sort donc les tripes petit à petit. Consistance d’un territoire contaminé [récit] », Terrain, 2019, no71, p. 116-139
• 2015, Les incommensurables, Bruxelles, Zones sensibles, 189 p.
• 2013, « Peupler l’architecture. Les catalogues d’êtres humains à l’usage des concepteurs d’espace », Revue d’anthropologie des connaissances, 2013, vol. 7, n°4, p. 761784.
• 2013, L’universel à vue d’oeil, Paris, Éditions Pétra (coll. « Anthropologiques »), 280 p.
• 2011, Houdart Sophie et Thiery Olivier (eds.), Humains, non-humains. Comment repeupler les sciences sociales, Paris, La Découverte, 368 p.
• 2009, Kuma Kengo. Une monographie décalée, Paris, Éditions Donner lieu (coll. « Librairie de l’architecture et de la ville »), 211 p.