En résidence de création
Élégies mineures
Christophe Manon
Le projet d’écriture
La Marelle accueille Christophe Manon pour un travail d’exploration formelle. Depuis une vingtaine d’années, son travail d’écriture a pris de multiples directions, multipliant notamment les collaborations avec des plasticiens, des photographes, des cinéastes et des musiciens. Il a déjà publié une quinzaine de livres, à la fois de poésie et de fiction. Dans une sorte de continuité de cette expérience d’écriture, son projet de résidence propose d’expérimenter de nouvelles voies, d’explorer des ressources formelles inédites, de tenter de faire cohabiter de façon dynamique et sensible les qualités expressives de la prose et de la poésie.
Note d’intention de l’auteur
L’ambition de ce texte est de proposer une vision de l’espèce humaine non dénuée d’espoir, mais qui en souligne la fragilité et qui pose un regard à la fois lucide et mélancolique sur le monde contemporain et le destin des individus. S’y déploient en motifs obsessionnels la stupeur de vivre, la mort, l’amour, la toute puissance du désir, l’intensité de l’instant, l’immanence des présences, la joie et le désarroi, la grandeur et les faiblesses du cœur humain, la folle sarabande des prodiges et des terreurs enfantines, la détresse et l’espoir, la rage et la fureur toujours tenaces malgré l’écoulement irrépressible du temps. Les thèmes de l’échec, de l’errance, de la déroute (personnelle ou collective) sont notamment abordés, mais sans renoncer à l’expression d’une fraternité patiemment conquise, avec une certaine grâce, dans une sorte de ravissement, d’éblouissement face à ce qui survient.
Tout en s’efforçant de dégager de nouveaux enjeux, ce projet s’inscrit de façon assumée dans la tradition d’une certaine littérature lyrique, dont il reprend de nombreux motifs, et dont il partage le souci de faire de l’expression d’une expérience singulière un espace commun pour chacun, partageable par tous. Avec cette sorte de “lyrisme expérimental” et un sens intime de la joie inquiète, ce livre tâchera donc de formuler une adresse où s’exerce un regard sans fard sur notre temps, à la fois sensuel, politique et sensible.
Au final, il s’agira de se situer dans le prolongement de mon travail antérieur, sans toutefois perdre de vue la volonté de prendre des orientations inédites. Dire l’urgence du souvenir afin de conjurer l’apparente normalité du temps qui passe. Non pas toutefois se contenter d’évoquer ce qui est révolu, mais bien plutôt chanter ce qui est en train d’advenir, ici, maintenant, sous nos yeux. Sans excès de mélancolie, explorer notre devenir spectral tout en assurant aux êtres présents qu’ils n’ont pas à redouter de passer, puisque c’est là leur destin légitime et leur tragique mais glorieux accomplissement. Tenter modestement de « rendre justice à l’intensité des événements », pour reprendre les mots de Pierre Guyotat et, peut-être, par la grâce de l’écriture et du rythme, d’attester de furtives épiphanies.
Christophe Manon
Le lieu de résidence
Début le printemps 2021, La Marelle a ouvert cette nouvelle "maison", la Villa Deroze, située au milieu des pins, sur les hauteurs de la cité portuaire de La Ciotat. Confiée avec générosité par Danielle Deroze, elle est destinée à accueillir artistes, auteurs et autrices, pour des projets de création qui souvent se croisent ou s’hybrident.
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