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Made in La Marelle

Boris Crack

Bocci Club

Publication en ligne

Description par l’auteur

Bocci Club est né de l’envie d’inventer un nouveau format d’écriture, mêlant littérature, musique et codage, une nouvelle forme d’œuvre ouverte, avec humour, un humour trou noir, où dépasser la catégorisation habituelle qui permet de tout ranger, hiérarchiser, exclure aux marges alors que c’est aux marges que bien des choses se créent, se renouvellent. Il y est pas mal question d’une île : Malte, et du jeu de boules qu’on appelle là-bas le bocci. Et, de manière détournée, de la chute de l’Europe et de l’Occident.

Extrait

Imaginons une partie de boules dans l’Espace. Comment jouerait-on à la pétanque en apesanteur ? Il serait intéressant d’imaginer une partie autour d’un trou noir. Un trou noir est un objet à la densité infinie mais un objet sans dimension. Autrement dit il est tout riquiqui. C’est parfait ça. Oui, c’est vraiment parfait ça. C’est vraiment parfait un trou noir tout riquiqui. C’est parfait comme cochon, comme cochonnet. On l’appelle d’ailleurs, mais plus rarement : kiki. Le cochonnet, le but, ou Jack en anglais, on l’appelle aussi kiki. Que l’on soit astronaute, astrophysicien, limonadier, professeur d’anglais, équipier chez McDonald, président de la République ou sans profession : l’été, on joue à la pétanque. Et on rêve de toucher kiki.

Le jeu consisterait à rapprocher ses boules assez près du trou noir mais pas trop. Juste au bord du rayon de Schwarzschild, cette limite au-delà de laquelle le cochon dévore tout. Mieux : le jeu pourrait consister à approcher ses boules au plus près du trou sans jamais se faire capter par lui, en filant tout droit, en échappant à sa gravité monstre, à son avidité infinie, en lui tirant la langue, en profitant de sa vitesse folle de rotation ou plus précisément de la vitesse tangentielle folle de son horizon, proche de celle de la lumière, pour filer encore plus vite.

Tout objet qui acquiert une certaine vitesse la conserve dans le vide, dit la loi, et ceci à l’infini. Nos boules partiront très loin, c’est le cas de le dire, nos boules partiront très très loin, nos boules partiront très très très très loin, c’est le cas de le dire, nos boules partiront là où rien n’est jamais allé. Nos boules voyageront à l’infini. Elles auront même l’occasion de changer de forme si l’on en croit la théorie de Boltzmann, Ludwig Boltzmann (Physicien autrichien, 1844-1906). Oui, si nos boules voyage assez longtemps, dit Boltzmann, si nos boules voyages assez longtemps, leurs atomes auront probablement l’occasion de se réorganiser d’eux-mêmes, soudainement, leurs atomes auront probablement l’occasion de se réorganiser d’eux-mêmes et de prendre une autre forme, y compris une forme vivante, y compris une forme de vie consciente ; on nomme cela un cerveau de Boltzmann.

"Le multivers à la Boltzmann est le plus simple à envisager, expliquent Tobias Hürter et Max Rauner dans leur livres Les Univers parallèles (du géocentrisme au multivers) : partout règnent les mêmes lois de la nature, seule la disposition des particules varie selon la loi du hasard. Parce que l’espace est infiniment grand, le hasard le plus incroyable survient également un jour quelque part. Cela pourrait être par exemple ce livre qui vous saute spontanément des mains dans l’instant et s’enfuit sur ses pages, si les mouvements thermiques de ses atomes coïncident par hasard. Ou bien imaginez que les atomes dans votre chambre forment spontanément une entité consciente. Peut-être faite de silicium, peut-être de chair et de sang. C’est extrêmement improbable, mais pas contraire aux lois de la nature. Les cosmologistes appellent cerveaux de Boltzmann de telles créations."

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