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Rebattant les cartes, Sylvie Germain propose dans ce livre son propre jeu pour évoquer Marseille à travers de brefs tableaux, avec une iconographie inédite : cartes originales des surréalistes Max Ernst, André Breton, Victor Brauner, André Masson, images d’archives et photographies contemporaines de Tadeusz Kluba.

Made in La Marelle

Sylvie Germain et Tadeusz Kubla

L’Esprit de Marseille

Albin Michel,
novembre 2018

Description de l’éditeur

À l’approche des nazis en 1941, André Breton et les surréalistes réfugiés à Marseille continuent à pratiquer l’art du jeu. Ils réinventent le tarot, dont ils conservent le principe des séries mais transforment les dénominations et les figures.
Rebattant à nouveau les cartes, Sylvie Germain propose dans ce livre son propre jeu pour évoquer Marseille à travers de brefs tableaux. Un texte kaléidoscopique, d’une grande finesse, embrassant pourtant la ville dans toute son ampleur, sa diversité, son passé et sa modernité, entre histoire et mythologie.
Une iconographie inédite : cartes originales des surréalistes (Max Ernst, André Breton, Victor Brauner ou encore André Masson), images d’archives et photographies contemporaines de Tadeusz Kluba.

Résidence effectuée à La Marelle en été 2016.
Source : Albin Michel

Extraits

L’atelier était couvert par un toit vitré qui permettait de photographier en lumière naturelle, et des dalles de verre étaient encastrées dans le plancher pour éclairer, là aussi de façon naturelle, le laboratoire installé en sous-sol. Partout, il invitait la lumière du jour.

La lumière – la grande passion de Nadar , il en avait la sensibilité, l’instinct et l’intelligence. Comme il l’avait déclaré  : “Ce qui ne s’apprend pas  : c’est le sentiment de la lumière – c’est l’appréciation artistique des effets produits par les jours divers et combinés – c’est l’application de tel ou tel de ces effets selon la nature des physionomies, qu’artiste, vous avez à reproduire.”

Avant de réaliser le portrait de ses clients, Nadar s’entretenait un long moment avec eux dans un petit salon situé au premier étage, dit “salon de jonc”, afin de mieux faire connaissance avec la personne, d’en deviner le caractère, de la sonder en profondeur. Car il ne se contentait pas de leur apparence, ce qu’il visait chez chacun, c’était son tempérament.

“Ce qui s’apprend encore beaucoup moins [que le sentiment de la lumière] c’est l’intelligence morale de votre sujet, – c’est ce tact rapide qui vous met en communication avec le modèle, vous le fait juger et diriger vers ses habitudes, dans ses idées, selon son caractère, et vous permet de donner, non pas banalement et au hasard, une indifférente reproduction plastique à la portée du dernier servant de laboratoire, mais la ressemblance la plus familière et la plus favorable, la ressemblance intime. C’est le côté psychologique de la photographie, le mot ne me semble pas trop ambitieux.”

 

Esprit de Marseille