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Instructions No 2 : comment se perdre quand on écrit

Carnet de résidence

Aliona Gloukhova

6 Février 2022

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Travaux de résidences

— Où es-tu ?
— Tu aimes te perdre, avoue-le.

Le meilleur dans l’écriture ce n’est pas savoir où on va, ne pas savoir comment.
Mes textes se fabriquent dans l’inconnu, me demandent de les laisser tranquilles.
Ils ne veulent pas me voir. Claquent les portes devant mon visage.

— Oublie-toi. Ferme ta bouche.
— Comment ?

Pour me perdre, je me lance dans des formes diverses : listes, dialogues, descriptions techniques, instructions, contes, chansons, théories. Ce que j’aime le plus c’est de faire des cercles autour de mon texte. Je sonde ainsi sa zone d’influence.

Pourrai-je expliquer cette sensation dissolue, mélancolique qui vient quand je trouve la direction ? Quand j’apprends où mon texte va, je sais que je ne suis pas loin de la fin. Terminer un texte c’est comme perdre quelque chose.

Les textes interminables sont si joyeux.

Pour me perdre, je lis sur l’extinction des albatros, sur l’enchevêtrement de la matière et de la signification, je lis des poèmes d’Amandine, un magazine que Roxana m’a passé et ses mails, je lis les messages whatsapp de Jef, j’écoute Mrs Dalloway en russe (écouter les livres en russe m’apaise).

Pour me perdre je me couche à 19h30. Peut-être le matin me trouvera ailleurs.

 

Il est 8h05, on est le dimanche 6 février. Les arbres que je vois depuis la véranda de la Villa Deroze sont jaunes, ça veut dire que le soleil est là.
Si je ne finis jamais mon texte, Mika restera à mes côtés pour toujours.

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