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La Pointe Rouge © Roberto Ferrucci

La Pointe Rouge

Carnet de résidence

Roberto Ferrucci

18 Avril 2014

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Travaux de résidences

À la page “Rendez-vous”  de La Provence, je lis que ce dimanche il y a un marché de livres anciens. L’annonce ne donne pas d’adresse précise, elle dit seulement Bonneveine, ce qui, je m’en suis aperçu ensuite, correspond à une zone, dans le sud, très étendue. L’application de la RTM me donne trois possibilités, et je choisis, en me trompant, celle qui nécessite le moins de changements – deux. Le bus 49 jusqu’à Réformés-Canebière, la ligne bleue du métro jusqu’au Prado et le bus 44 jusqu’à l’arrêt Bonneveine. Le 44 se prend juste devant le Vélodrome, le stade de l’Olympique de Marseille. Les travaux de modernisation avancent et par rapport à octobre, quand je suis allé voir OM-Reims (2-3), il est presque entièrement couvert. Aller au Vélodrome est l’une des deux choses que l’on doit faire pour être considéré comme un Marseillais. Et je les ai faites toutes les deux. Avoir la carte Transpass aussi (qui cette fois encore a bippé juste après ma montée, validant ma présence à bord), l’abonnement de la RTM, me fait me sentir un peu moins touriste.  Peut-être même pas du tout, je l’espère.

L’autobus va vers le sud, traversant des quartiers que je ne connaissais pas, et l’arrêt Bonneveine se situe juste après un rond-point désert. Je descends, affectant une désinvolture tout à fait inappropriée, comme si je savais parfaitement où j’allais, alors que je n’en ai aucune idée. Après une vingtaine de mètres, je croise un panneau sans équivoque indiquant une route barrée. Je devrais faire marche arrière et pourtant je continue, m’imaginant je ne sais trop quoi. Je me persuade qu’elle n’est pas fermée, et que si c’est le cas, il y aura bien au fond au moins un chemin piéton.

À mi-chemin, la rue commence à monter. De la mer, aucune trace, et au bout, évidemment, il y a un mur. Après presque un kilomètre. Je rebrousse chemin, et cette fois-ci aussi je tourne à gauche, sans trop de conviction. Il est deux heures et personne en vue. Quoiqu’il en soit j’ai décidé de ne demander mon chemin à personne et de ne pas regarder sur l’iPhone. Je veux y arriver comme ça, à vue de nez.Je continue à marcher sans réfléchir, je monte, je descends, je traverse des quartiers résidentiels inattendus pour me retrouver derrière un Carrefour fermé. Ce n’est que là, après avoir marché je ne sais combien de temps, que je me décide à regarder sur Google si ce marché a une adresse précise. Je découvre que “côté mer” pourrait signifier “lungomare”, bord de mer, ce serait un synonyme, peut-être même que le mot était seulement mal employé dans le journal.

Google Maps me dit que je suis à un kilomètre sept cents du marché. Je suis tenté de tout lâcher et de retourner dans le centre. Puis je me dis non. J’ai choisi de venir jusqu’ici et je ne partirai pas sans avoir examiné un à un tous les étals du marché, quand je l’aurai trouvé. Par chance il y en aura peu. Par chance pour mon portefeuille.

À deux cents mètres du point rouge de Google Maps (et le point d’arrivée s’appelle justement Pointe Rouge), voilà, dans une légère descente, la mer qui s’ouvre devant moi avec, devant, les étals de livres, formant l’une des plus séduisantes compositions paysagères que j’aie jamais vue.

Je scrute tous les étals. Sur le dernier, convaincu d’en avoir fini – mon sac est plein à craquer, ma valise aussi, et il me reste un mois et demi à passer ici – persuadé qu’aucun livre ne m’intéressera, je tombe sur une édition originale de Pour un nouveau roman, d’Alain Robbe-Grillet. Dedans il y a écrit “120”, à la plume, sur une étiquette, et s’il s’agissait d’euros ça ne m’étonnerait pas, étant donnée l’édition, mais dedans, au crayon, il y a écrit “8 euros”, et alors-là, bien sûr, je ne peux pas le laisser là. Je l’ai étudié, en photocopies, pour mon mémoire de licence. Et le voilà maintenant, imprimé le 6 décembre 1963 à l’Imprimerie Corbière et Jugain à Alençon. Quelques jours après la naissance de mon frère. Acheté par on ne sait qui – la signature est illisible – en novembre 1966, l’année des grandes inondations.

Je commence à le relire à la Brasserie l’Escale, sur la plage de la Pointe Rouge. Autour de moi des gens qui, le 13 avril, se baignent déjà, prennent le soleil. Et les premiers topless aussi. C’est près d’ici, en France, que j’ai vu le premier topless de ma vie, à quinze ans, juin 1976, sur la place de Nice, durant un voyage de comité d’entreprise avec ma famille. Je me rappelle très bien ce moment. Inutile de dire pourquoi.

Je bois un panaché, je lis Robbe-Grillet, je regarde les gens sur la plage. Je voudrais jeter à nouveau un œil aux maisons de la Pointe Rouge, mais la plage est en contrebas, alors je me contente de la carte, que je déplie sur la table. Je remarque tout de suite cette ligne bleue, tracée sur la Méditerranée, juste devant. Elle part d’ici et arrive au Vieux Port. La "navette maritime", qui était déjà interrompue en octobre et qui vient juste de reprendre, la semaine dernière. Tout juste. Alors je paye, je me lève et je me dirige vers le quai de la RTM, un peu plus loin.

Une demi-heure de trajet. Marseille vue de la mer. Et les mots ne suffisent pas.


Traduit de l’italien par Silvio Florio


Sulla pagina degli appuntamenti de La Provence leggo che questa domenica c’è un mercatino di libri antichi e usati. L’annuncio non dà un indirizzo preciso. Dice solo Bonneveine, che, mi accorgerò poco dopo, è una zona – sud – molto estesa. L’applicazione della RTM mi dà tre possibilità e io scelgo, sbagliando, quella con meno cambi, due. Autobus numero 49 fino a Reforme Canébière, métro linea blu fino al Prado e lì il 44 fino alla fermata Bonneveine. Il 44 parte giusto di fronte al Vélodrome, lo stadio dell’Olympique Marsiglia. I lavori di ammodernamento vanno avanti e rispetto a ottobre, quando andai a vedere OM – Reims 2-3, è quasi tutto coperto. Andare al Vélodrome è una delle due cose che devi fare per essere considerato marsigliese. E io le ho fatte entrambe. Anche avere il Transpass (che pure stavolta ha fatto bip appena salito a bordo, validando la mia presenza a bordo), l’abbonamento urbano della RTM, mi fa sentire un po’ meno turista. E forse non esserlo proprio, spero.

L’autobus va verso sud, attraversando quartieri a me sconosciuti, e la fermata Bonneveine è poco dopo una rotonda deserta. Scendo ostentando una del tutto inadeguata disinvoltura, come se sapessi perfettamente dove devo andare non avendone invece nessuna idea. Sul giornale c’era scritto coté mer, e allora seguo la strada in discesa. Dopo una ventina di metri c’è il segnale inequivocabile di strada chiusa. Dovrei fare marcia indietro e invece tiro dritto immaginando non so bene cosa. Mi convinco che non sia chiusa, e se sì, mi dico che ci sarà comunque laggiù in fondo un passaggio pedonale.

A metà percorso la strada incomincia a salire. Del mare, nessuna traccia, e alla fine ovviamente c’è un muro. Dopo quasi un chilometro. Torno indietro, e anche stavolta giro a sinistra senza troppa convinzione. Sono le due e nessuno in giro. E comunque ho deciso di non chiedere a nessuno né di guardare l’iPhone. Voglio arrivarci a naso.Continuo a girare a vanvera, salgo e scendo, attraverso quartieri residenziali inattesi e mi ritrovo dietro a un Carrefour chiuso. Soltanto allora, dopo non so quanta strada, un po’ disperato, mi dico che forse è arrivato il momento di vedere su Google se questo mercatino ha un indirizzo. Scopro che coté mer potrebbe significare lungomare, esserne sinonimo, meglio, oppure è stato solo usato male dal giornale. 

Google Maps dice che sono a un chilometro e settecento metri dal mercatino. La tentazione è di mollare tutto e di ritornare in centro. Poi mi dico che no. Ho scelto di venire fin qua e non me ne vado senza aver guardato una a una tutte le bancarelle del mercato, quando le troverò. Che saranno poche, per fortuna. Fortuna del mio portafoglio.

A duecento metri dal puntino rosso di Google Maps (e il punto di arrivo si chiama proprio Pointe Rouge), ecco spalancarsi laggiù, in leggera discesa, il mare con le bancarelle dei libri davanti, a formare uno degli accostamenti paesaggistici più seducenti ch’io abbia mai visto.

Perlustro tutte le bancarelle. E nell’ultima, convinto ormai di averla scampata – ho la borsa strapiena e la valigia pure e devo stare qui ancora un mese e mezzo – nessun libro che mi interessi, trovo la prima edizione di Pour un Nouveau Roman di Alain Robbe-Grillet. Dietro c’è scritto 120, a penna, su un’etichetta, e se fossero euro non mi stupirei poi molto, vista l’edizione, ma dentro invece, a matita, 8 euro e allora non posso certo lasciarlo lì. Lo studiai, su fotocopie, per la mia tesi di laurea. Eccolo qui ora, stampato il 6 dicembre 1963 all’Imprimerie Corbière et Jugain a Alençon. Pochi giorni dopo la nascita di mio fratello. Comprato da non si capisce chi – la firma è illeggibile – nel novembre 1966, l’anno dell’alluvione.

Inizio a rileggerlo alla Brasserie L’Escale sulla spiaggia di La Pointe Rouge. Intorno, gente che, il 13 aprile, già fa il bagno, prende il sole. E i primi topless, anche. Lo vidi proprio qui vicino, in Francia, il primo topless della mia vita, a quindici anni, giugno 1976, sulla spiaggia di Nizza, in gita aziendale con i miei. Ricordo benissimo quel momento. Non serve dire come.

Bevo una panaché, leggo Robbe-Grillet, guardo la gente in spiaggia. Vorrei ridare un’occhiata alle case della Pointe Rouge, ma la spiaggia è giù in basso e mi allora accontento della mappa, che dispiego sul tavolino. la vedo subito quella linea blu, tracciata sul pezzo di Mediterraneo qua davanti. Parte da qui e arriva al Vieux Port. La navette maritime, che in ottobre aveva già concluso la stagione, e che è appena ripartita, la settimana scorsa. Quasi, quasi. E allora pago, mi alzo, e vado verso l’attracco della RTM, poco più in là.

Mezz’ora di navigazione. Marsiglia vista dal mare. E le parole non bastano. 

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