Skip to main content
Marina Skalova

ne pas savoir # 2

Carnet de résidence

Marina Skalova

1 Mai 2021

⤴︎ Revenir à la page
Travaux de résidences

on sacrifie ses cicatrices je crois que c’était ça la phrase que mon insomnie m’a soufflée tourné sur mon oreiller à m’en coincer l’épaule j’aurais dû me lever pour noter pas eu la force je savais que le matin elle serait soufflée pourtant on croit chaque fois que les mots restent en place on croit que les choses survivent à leur disparition je crois que c’était on sacrifie ses cicatrices mais peut-être pas tout à fait je ne peux plus savoir j’écoute les Cathodes de Max Richter les albums de Max Richter m’accompagnent depuis des années pendant que j’écris mélodie en sourdine présence en mode mineur je n’aime pas le mot mélodie il a quelque chose de décoratif pourtant cette musique n’est pas dissonante bien qu’elle ait des inflexions aigües et qu’une tonalité stridente se mêle à l’harmonie voilà ce que je peux en dire bien que je n’aie pas le vocabulaire pour écrire sur la musique tous ces rituels avant d’écrire ils me sont indispensables il faut d’abord ranger la pièce pour qu’elle soit aussi dégagée que possible j’allais écrire blanche mais c’est faux les pièces que j’habite ne sont pas blanches mes phrases pas plus mais c’est le dégagement qui est indispensable dégager le quotidien chaussettes culottes couches désordre créer ne serait-ce qu’un petit angle zone de blanc entre la fenêtre et le mur pour que quelque chose puisse surgir
 
dire ce qu’il y a dans le brouhaha vortex du temps entre tendresse rires agacement le thé noir sous le nez la constance de mon existence être rythmée par cette odeur de bergamote fade émanant des sachets détrempés dans l’eau trop chaude ne pas suffisamment prendre soin tout faire à l’arrache la vie à l’arrache l’écriture à l’arrache l’amour à l’arrache comme s’il fallait courir toujours comme si le temps n’était pas de toute façon compté

➞ Lire l’intégralité de son