Os méditerranéen et baiser solaire
- Pictoème
Sans être écarlate, en cette saison d’airain, le fond de l’air reprenait des couleurs
Haleine de flammes
Quartiers Nord, bruit blanc et grand banc lacustre
Dans la proximité des extrêmes ou dans le voisinage soudain des choses sans rapport
Une grande réserve d’utopies
À rebours, brosser à contre-poil
Sous la face éternelle du ciel
Le vol fuyant de la voix
L’acier du regard
Un petit filet de silence nageant dans l’huile sauce sardine
Ça peut piquer les yeux
La veille d’une sentinelle aux aguets
- Notule pour puzzle
Surtout ne pas chercher à dompter cette ville rebelle et revêche. C’est que Marseille est, comment le dire, hors norme. Totalement hors norme. En dehors de Naples, elle n’a pas d’équivalent. Alors ? Alors rien. Pas de recette miracle débité par un coach censé booster votre potentiel relationnel. Cette méthode marche sans doute à Miami ou à Melbourne mais ici elle butera sur un os. Un gigantesque os méditerranéen. Il ne reste plus qu’à vous laisser faire. Vous laissez emporter…
…Butiner, rêvasser, passer d’une pièce à l’autre comme un fantôme, partager des discussions avec les filles de La Marelle et avec Pascal dans le petit jardin, essayer de courir après les chats sauvages qui sont chez eux dans les fourrés alentour, écouter le train passer, claquer la bise aux innombrables inconnus qui disent tous travailler à La Friche, faire semblant de s’intéresser à eux et à elles, porter des shorts, citer Akhenaton comme on citerait Chateaubriand, accepter de se perdre dans Marseille, se perdre dans Marseille, saluer tous les Comoriens, se prendre pour un Comorien, écouter Keny Arkana, faire le guet à la Porte d’Aix, arborer une fois le maillot de l’OM, espérer la mue, la redouter aussi, ne pas chercher à imiter l’accent local, ignorer la Canebière, la politique et le folklore du coin, lire un polar de Jean-Claude Izzo en dévalant les allées de la Cité Radieuse, ne pas désespérer de Marseille…