Mercredi 5 février
La première chose, c’est l’harmonie, c’est le soleil, c’est l’espace.
Pour quelqu’un qui arpente le territoire, qui n’appréhende un espace, une ville, qu’en l’ayant quadrillée, et a eu tant de mal à établir une carte mentale de Marseille, j’arpente le logement avec appétit et gourmandise, la certitude d’une aise inaccoutumée, de n’être pas freiné dans les pensées comme par les montagnes qui, tout à la fois, prolongent et coupent l’horizon marseillais. À Paris, ces montagnes sont nulle part mais sont partout : murs, toits, arbres de la rue des Pyrénées réputés les plus grands de la ville.
La première chose, c’est ce sentiment de béatitude de la peau, livrée au soleil, dans un bas quartier, interstice bizarrement éclos ouvert entre la Belle de Mai et les Chutes-Lavie. Un trou où se perdre assurément.
La première chose, c’est la certitude de pouvoir lire à foison, de manière accélérée, libérée, sans contrainte.
La Villa des auteurs où je réside jusqu’au 3 mars s’ouvre sur les quatre coins de la terre. Il y a symétrie dans le partage des pièces, et des fenêtres partout. Il faut faire de grandes enjambées pour atteindre le poste cuisine, avec chevillée aux pieds l’impression d’être un aventurier, un coureur des pôles ou des corps célestes. Cet espace, ce volume aussi sûrement peut-être, libèrent l’énergie, quand les heures de lecture à la rare chaleur de l’après-midi, elles, émollient (le soleil est là toute la journée, mais chauffe entre 13h et 16h).