Dimanche 9 février
Balade aux alentours du Port du Havre, par manuscrit interposé © Alexis Coquerel
Décrassage au soleil, et dernière relecture d’un premier roman précieux, qui a failli paraître dans une grosse maison parisienne. Travaillé un an, refusé au dernier moment par le comité de lecture. Mesure-t-on combien l’on doit à la cécité ou à l’inertie des plus grands ? Rares sont les auteurs à tamiser en amont et à cibler d’emblée les éditeurs indépendants (pardon : je dis "les indés"), selon l’appellation imposée en BD par Cornelius et l’Association au début des année 1990), comme Christophe Ségas, qui n’avait envoyé Remington qu’à un panel de cinq éditeurs (NB La Marelle reproduira ce mois-ci une correspondance). De fait, soit on les reçoit après qu’ils ont été refusés par tous les gros, soit on les reçoit parce que l’auteur nous identifie et s’identifie parfaitement à la maison et fait un choix ciblé militant. Dieu merci, cela commence à évoluer, et on est de plus en plus souvent en concurrence avec ces grands-là… pour le meilleur et pour le pire.
Ce matin passé avec le manuscrit est tout de clarté, je tâtonne, prends le temps de préciser, de revenir, de jauger, d’arbitrer chaque dilemme ; impression inavouée que tout le travail précédent était de hasard, aléatoire, fruit d’un feeling un peu mystique, un peu divin.
Non, ce matin : verve, nerf, concentration, endurance et prolongements de la pensée.
Parmi les espaces offerts par la Villa, il y a l’espace pour projeter, l’espace pour se déplacer, l’espace pour cuisiner. Quand je parle du catalogue de la maison d’édition, des recherches du catalogue disons, je parle tout le temps de "déplacement" du point de vue. Disons que je me déplace dans les manuscrits comme dans la Villa.