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Samedi 22 février

Carnet de résidence

Benoît Virot

4 Mai 2020

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Travaux de résidences

Le panier moyen d’un éditeur en résidence au brunch du samedi © D.R.

C’est le jour du brunch. Ce format fantasmatique dont je ne sais rien, et dont je découvre qu’il consiste d’abord en une demi-heure d’émission pour Radio Grenouille, puis une demi-heure de libre échange avec le public. Format insolite, percutant, convivial. Je découvre aussi l’origine d’une chanson qui me hantait depuis mes premières années de théâtre, "Il pleut sur Marseille…" C’est le générique du film À l’attaque de Guédiguian. Non seulement les questions suivent une agréable pente naturelle, mais la partie du public qui ne connaît pas la maison découvre, et celle qui connaît une histoire liée à tel livre, telle texture, tel manuscrit, reconnaît d’autres voies. Je réussis à glisser le nom de Tata N’longi Biatitudes, dont je viens de terminer la très belle et édifiante pièce ferroviaire.

Je reviens une énième fois lors de l’échange sur mes lieux. Auto-complaisance, ou juste hommage aux forces telluriques de la ville ? Mes lieux de travail, mes lieux de lecture, notamment les trains et les cafés. Quelle coïncidence que La Marelle prolonge, en quelque sorte, la gare (et que son silence s’observe d’abord à l’écoute des derniers trains le samedi soir).

Je sais depuis que j’ai rendu visite en ces lieux l’été 2018 à E. et P. que la Villa jouxte les rails. Je le sais à mon corps défendant pour m’être progressivement laissé enfermer dans l’enceinte de Saint-Charles au retour d’une belle balade à Toulon, fonçant avec ma détermination habituelle dans le filet de voies sans issue, et n’en sortant qu’après plusieurs kilomètres en forçant le portail de l’entrepôt d’un centre social donnant directement sur les voies. C’était l’été où E. avait ramassé sur l’île d’If une plume dédiée à Gauz. L’été des folies, marines, nocturnes, organisationnelles et pédestres. Ce n’était pas la première fois, pourtant, que je mettais le pied à La Marelle. La première fois, c’était en janvier, au concert de A., dont me restera toujours le risotto, et la séance d’arpentage du salon au violoncelle.

Déjeuner avec Claude et J., tajine à l’orange attendu longuement et savouré tout autant. Après-midi exclusivement consacré à la lecture d’un manuscrit malien bien bâti qui réussit l’exploit d’être basé sur rien. De tenir par la seule force du style.

Je me balade en direction de Plombières, via la cascade de places et de rues minuscules de la Belle de Mai, presque aussi belles le soir que le matin.

[caption id="attachment_15787" align="alignleft" width="273"] Les abords de Maupetit © Benoît Virot[/caption]
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