Alger 1 | Comment dire
Je ne prends des photos que d’en haut.
Dans la rue, je ne sors pas mon appareil, d’ailleurs je ne l’emporte pas. Pas envie, pas l’audace, je ne sais pas. Il est trop gros, il n’est soudain pas mon compagnon comme il peut l’être ailleurs. Demain peut-être. Je ne sais pas encore. Non, je ne crois pas.
Pas déjà.
Comment dire.
La lumière. À Alger, quand je ferme les yeux, ça reste jaune doré derrière mes paupières. Pour dormir, j’ai presque du mal à faire le noir complet.
Le jaune doré, c’est quand je pense à la baie, aux bateaux dans la baie.
Les rues d’Alger arpentées dans la journée, c’est en noir et blanc que je les revois. Comme sur les photographies des artistes algérois que j’ai traqués sur Internet avant de venir. Redouane Chahib, devenir son ami sur Facebook, c’est marcher dans la Casbah et Bab el-Oued dans un noir et blanc indicible, peut-être, je n’y connais rien, à cause du jaune doré dedans.
La lumière à Alger. Je ne sais pas. Je n’ai pas les mots qui lui seraient fidèles.
Je crois que je prends les photos dans ma tête. Et aussi que je n’ai pas les mots qui vont avec. Un peu en vrac, un peu foutraque. Hijab, abaya, niqab, talons hauts, talons plats, la police qui manifeste, le regard qui déshabille, le khôl qui souligne, les clichés qui se confirment, l’inattendu. Le généreux, comme on ne le connaît pas.
Comment dire.