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© D. R.

Seita

Carnet de résidence

Aodren Buart

24 Mai 2022

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Travaux de résidences

Tout près de la Friche la Belle de Mai, il y a la rue Clovis-Hugues. C’est une longue rue qui descend, et qui relie la rue Belle-de-Mai à celle qui longe les rails. La rue Clovis-Hugues portait un autre nom avant, du temps où la friche n’existait pas, du temps où ses bâtiments formaient encore l’une des plus grandes manufactures de tabac de France. Là, de 1868 à 1990, les ouvrières ont roulé de leurs mains des centaines de millions de cigarettes pour l’Europe entière. Ces ouvrières venaient de Toscane, de Sicile, de Naples, et s’étaient installées à Marseille car dans cette ville, il y avait du travail. 

Et quand, le soir, à la sortie de l’usine, toutes les femmes descendaient la rue, les façades grises s’évanouissaient et à la place, c’était une marée de bleus de travail, un flot vif de corps unis dans la couleur du labeur – et tous ses visages.

Oui, sur les hauteurs de Marseille, il y avait une vague bleue, du lundi au vendredi, qui dévalait la rue. Une marée descendante, avec l’odeur du tabac pour écume, et pour clapotis, le bruit de leurs pas.

 

C’était la rue Bleue.

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